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Name of Publishing House | les editions de minuit |
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website | http://www.leseditionsdeminuit.fr/ |
Communication | standard@cde.fr |
Historique
I – La Résistance
Un jour de 1941, à Paris, en pleine occupation allemande, un dessinateur, Jean Bruller, et un écrivain, Pierre de Lescure, décidèrent de fonder une maison d’édition clandestine. Ainsi naquirent les Éditions de Minuit. Le premier livre publié, Le Silence de la mer, de Vercors (pseudonyme de Jean Bruller), commencera à circuler de main en main en octobre 1942. Déjà, aidés par Jean Paulhan, les éditeurs s’étaient mis en quête de nouveaux manuscrits. Un volume collectif, Chroniques interdites, paraissait en avril 1943. Un autre, L’Honneur des poètes, en juillet, rassemblait des poèmes recueillis par Paul Eluard. Le Cahier noir, de François Mauriac, était publié en août, Le Musée Grévin, d’Aragon, en septembre.
Jusqu’à la libération de Paris, les Éditions de Minuit firent ainsi paraître, grâce à une poignée d’imprimeurs courageux, une vingtaine de plaquettes où se retrouvaient, sous des pseudonymes, quelques-uns des plus grands écrivains français, d’Eluard et Aragon à Maritain et Mauriac, en passant par Paulhan, Chamson, Gide, et même John Steinbeck, pour la première traduction française intégrale de The Moon is down (Nuits noires).
De gauche à droite : Nuits noires, par John Steinbeck – Chroniques interdites (I), par Jean Paulhan, Yvonne Desvignes, Julien Benda, Jacques Debû-Bridel, Vercors – L’Honneur des poètes (poèmes par 21 poètes français) –Le Musée Grévin, par François La Colère (Aragon) –La Pensée patiente, par Thimerais – Le Cahier noir, par Forez (François Mauriac) –Les Amants d’Avignon, par Laurent Daniel (Elsa Triolet) –Angleterre, par Argonne (Jacques Debû-Bridel) –Contes d’Auxois, par Auxois (Edith Thomas) –La Haute Fourche, par Vivarais (Pierre Bost) –Europe (poèmes par 35 poètes français et étrangers) –33 sonnets composés au secret, par Jean Noir (Jean Cassou) –La Marche à l’étoile, par Vercors –Le Temps mort, par Minervois (Claude Aveline) –La Marque de l’homme, par Mortagne (Claude Morgan) – Péguy-Péri. Deux voix françaises, par Jean Paulhan –Nouvelles chroniques (par Charles Morgan, André Gide, Raymond Mortimer, Gabriel Audisio, Claude Bellanger, André Chamson) –Dans la prison, par Cévennes (Jean Guehenno) –A l’appel de la liberté, par Hainaut (Georges Adam) –Le Silence de la mer, par Vercors – Historiquedes Editions de Minuit (paru en 1946)
Dans le même esprit, les Éditions de Minuit publieront plus tard Premier combat, de Jean Moulin (1947), La Rose blanche, d’Inge Scholl (1955), Un camp très ordinaire, de Micheline Maurel (1957), La Nuit, d’Elie Wiesel (1958), la réédition de L’Univers concentrationnaire, de David Rousset (1965) et, dans la collection « Documents », la série d’Auschwitz et après, de Charlotte Delbo (1970). A l’occasion du cinquantième anniversaire de leur fondation, les Éditions de Minuit ont publié La Bataille du silence, de Vercors, où il raconte les années de la guerre et de la libération.
II – Les premières années d’après-guerre
La libération de la France allait permettre aux Éditions de Minuit de sortir de la clandestinité. Mais, en même temps, elle les forçait à se plier aux règles du système économique. En dépit du succès commercial du Silence de la mer, la société anonyme fondée en 1945 par Vercors se heurtera d’emblée (et jusque vers 1956) à de graves problèmes financiers.
Non point que l’activité de la maison fût nulle, ni ses choix aberrants. C’est ainsi que, sous l’impulsion de Georges Lambrichs, on y publiait, en 1947, des oeuvres de Georges Bataille, François Boyer (dont Les Jeux interdits allaient donner lieu à un film célèbre), Henri Calet, André Dhôtel, Arthur Miller, Dylan Thomas ; en 1948, Karl Jaspers, Pierre Klossowski, Henri Thomas… Mais les tirages restaient modestes et, cette même année 1948, à la suite de difficultés résultant d’une succession d’exercices déficitaires, Vercors abandonnait la présidence de la société et quittait la maison. La direction de l’entreprise sera dès lors assurée par Jérôme Lindon, qui y occupait jusque-là, depuis dix-huit mois, les fonctions de chef de fabrication.
Au cours des trois années suivantes seront publiés, avec des fortunes diverses, des essais de Georges Bataille, Maurice Blanchot, Jean Cassou, Jean Fourastié, Jean Paulhan. En 1951, au moment où la maison s’installe rue Bernard-Palissy, à Saint-Germain-des-Prés, elle fait paraître trois volumes fort différents qui ouvriront chacun la voie à un secteur spécifique de son activité future :
– le premier ouvrage de Jacques Hillairet, Évocation du vieux Paris, à l’origine du Dictionnaire historique des rues de Paris ;
– un pamphlet de Jean Paulhan, la Lettre aux directeurs de la Résistance, dans la nouvelle collection « Documents » ;
– enfin, un premier roman d’un auteur inconnu : Molloy, de Samuel Beckett.
III – Samuel Beckett
En novembre 1950, Suzanne Beckett présentait aux Éditions de Minuit trois manuscrits de son mari que de nombreux éditeurs avaient refusés : c’était Molloy, Malone meurt, et L’Innommable. Le premier roman de cet Irlandais qui résidait en France depuis 1938 et écrivait ses oeuvres en français paraissait en mars 1951. Jean Blanzat écrivait aussitôt dans « Le Figaro littéraire » : « Voici, selon toute apparence, un livre événement : il s’agit de l’une des oeuvres capitales de l’après-guerre » et Maurice Nadeau saluait dans « Combat » ce « conquérant gigantesque d’une réalité insaisissable ».
A ces trois premiers livres de Beckett s’en adjoindront bientôt d’autres, déjà écrits à cette
époque : Murphy, Watt, Mercier et Camier, plusieurs nouvelles et surtout une pièce de théâtre, Enattendant Godot, qui, montée début 1953 par Roger Blin au Théâtre Babylone, allait faire sensation . Traduite dans cinquante langues, jouée dans le monde entier, elle sera suivie de Fin de partie (1957), puis de Happy Days, traduite par l’auteur sous le titre Oh les beaux jours (1963), et de plusieurs autres pièces (dont Catastrophe en 1982).
En 1961, Samuel Beckett reçoit le Prix international des éditeurs pour Comment c’est et, en 1969, le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son oeuvre.
Samuel Beckett est mort en 1989.
IV – Alain Robbe-Grillet et la naissance du Nouveau roman
En 1953, paraissait Les gommes, le premier roman d’un jeune ingénieur agronome, Alain Robbe-Grillet, qui venait de publier dans la revue « Critique » un article remarqué sur En attendant Godot. Deux ans plus tard, un deuxième roman, Le Voyeur, était couronné par le prix des Critiques.
Parallèlement à ses romans, l’auteur du Voyeur ne craignait pas d’intervenir, par des articles, des interviews, des conférences, dans le déroulement de la vie littéraire. L’ensemble de ces activités permettait à Alain Robbe-Grillet, qui avait remplacé Georges Lambrichs fin 1954 au comité de lecture des Éditions de Minuit, de jouer un rôle primordial dans la naissance et l’essor du groupe qui se fera connaître au cours des années 50 sous le nom de « Nouveau Roman ».
Alain Robbe-Grillet est mort en 2008.
V – Le Nouveau Roman
L’année 1957 voyait apparaître simultanément aux Éditions de Minuit : Fin de partie, de Samuel Beckett, La Jalousie, d’Alain Robbe-Grillet, Le Vent, de Claude Simon, Tropismes, de Nathalie Sarraute et La Modification, de Michel Butor. (Graal Flibuste, de Robert Pinget, était paru l’année précédente et Moderato cantabile, de Marguerite Duras, sera publié l’année suivante.)
Le prix Renaudot décerné à ce troisième roman de Butor allait beaucoup contribuer à la notoriété du groupe. Un feuilleton d’Emile Henriot, dans « Le Monde », consacré à La Jalousie et à Tropismes, employait pour la première fois l’expression « Nouveau Roman », qui désignera désormais le groupe tout entier.
VI – Robert Pinget
Robert Pinget poursuit depuis 1951 une démarche tout à fait originale. Publié aux Éditions de Minuit depuis 1956 et bien qu’il ait obtenu le prix des Critiques en 1953 pour L’Inquisitoire et le prix Fémina en 1965 pour Quelqu’un, cet écrivain se tient plus que tout autre à l’écart de la foule. Depuis 1959, il a écrit plusieurs pièces de théâtre, ainsi que des pièces radiophoniques. Il a été en juillet 1987 l’auteur de l’année du festival d’Avignon.
Robert Pinget est mort en 1997.
VII – Claude Simon
Le premier roman de Claude Simon, Le Tricheur, commencé en 1939, avait vu le jour en 1946. Mais c’est seulement en 1957, avec Le Vent, qu’il découvre la voie qui fera de lui un des principaux écrivains de sa génération. Les succès obtenus par La Route des Flandres (1960), Histoire (prix Médicis 1967), Les Géorgiques (1981), L’Acacia(1989) et Le Jardin des Plantes (1997) sont cinq jalons dans une oeuvre (douze romans aux Éditions de Minuit) dont l’audience s’accroît chaque année, aussi bien en France qu’à l’étranger. Claude Simon a vu l’ensemble de ses travaux couronnés en 1985 par le prix Nobel de littérature.
Claude Simon est mort en 2005.
VIII – Marguerite Duras
De 1977 à 1987, Marguerite Duras, qui a déjà fait paraître Moderato cantabile en 1958 et Détruire dit-elle en 1969, publiera l’essentiel de son oeuvre aux Éditions de Minuit. L’Amant paraît le 1er septembre 1984. Le succès est foudroyant et les ventes ont déjà dépassé 250 000 exemplaires lorsque l’académie Goncourt décerne son prix au livre en novembre. Traduit dans plus de quarante langues, L’Amant est l’un des plus grands succès de l’édition d’après guerre. Dix-neuf ans après sa parution, le tirage du livre a dépassé 1 360 000 exemplaires, auxquels s’ajoutent plus de 1 000 000 d’exemplaires publiés par le club France Loisirs.
Marguerite Duras est morte en 1996.
IX – Débats et inculpations
En 1956, Jacques Derogy publiait Des enfants malgré nous, qui, abordant pour la première fois en France les problèmes de la contraception, provoqua une polémique dans l’ensemble de la presse et entraîna le dépôt de quatre projets de loi. Mais la guerre d’Algérie allait susciter d’autres remous.
En 1957, l’avocat Jacques Vergès et un romancier, Georges Arnaud, publient dans la collection « Documents » un libelle, Pour Djamila Bouhired, où ils dénoncent les tortures pratiquées par les militaires français en Algérie. Au début de 1958, les Éditions de Minuit font paraître le témoignage d’un journaliste algérien, Henri Alleg, qui, sous le titre La Question, décrit le supplice dont il a été lui-même victime. La presse donne un large écho à l’événement. En mai paraît L’Affaire Audin, une brochure où des officiers sont accusés d’avoir assassiné un jeune mathématicien, Maurice Audin. Le gouvernement vient de faire saisir La Question, ce qui n’apaise pas le scandale, au contraire. En 1959, les Éditions de Minuit publient encore La Gangrène, ouvrage qui est interdit à son tour par le gouvernement, comme le seront, au cours de ces quatre années, une dizaine de livres de la collection « Documents ». Inculpé à diverses reprises d’atteinte au moral de l’armée, d’incitation à la désobéissance, de diffamation de la police, etc., Jérôme Lindon est condamné pour la publication du Déserteur, de Maurienne. En 1972, Pierre Vidal-Naquet concluera l’étude de cette période par la publication de La Torture dans la République.
En 1969, un autre livre de Jacques Vergès, Pour les fidayine, consacré aux combattants palestiniens, va provoquer un nouveau tollé. Treize ans plus tard, les Éditions de Minuit accueilleront la Revue d’études palestiniennes, consacrée aux problèmes du Proche-Orient.
X – De Le Corbusier à Dubuffet
La collection « Forces vives » aborde les problèmes de l’architecture moderne, en donnant notamment la parole à Le Corbusier.
Parallèlement, les Éditions de Minuit publient divers essais allant de l’alchimie (Alleau, Canseliet) à la critique littéraire (Blanchot) en passant par des études sur le judaïsme, le cinéma ou la presse.
La poésie est représentée, entre autres, par Akmatova, Beckett, Darwich, Eluard, Ungaretti.
En 1981, Alain Robbe-Grillet préface un roman-photo d’Edward Lachman et Elieba Levine, Chausse-trappes. Cet album sera suivi en 1983 de Fugues, par Marie-Françoise Plissart et Benoît Peeters, lesquels publieront en 1985 Droit de regards, avec une « lecture » de Jacques Derrida.
XI – Le « Dictionnaire historique des rues de Paris »
Le premier ouvrage de Jacques Hillairet, la série d’Évocation du vieux Paris, a commencé à paraître en 1951. Mais c’est en 1963 qu’avec le Dictionnaire historique des rues de Paris l’auteur acquiert la réputation qui fait de lui le spécialiste de l’histoire de la capitale. Constamment réédité et mis à jour, le Dictionnaire est aujourd’hui considéré comme un des principaux ouvrages de référence sur Paris.
D’autres Évocations sont consacrées à des villes françaises chargées d’histoire : Aix-en-Provence, Bordeaux, Marseille, etc.
XII – « Arguments »
Fondée par Kostas Axelos, Jean Duvignaud, Edgar Morin, la revue « Arguments » fit paraître vingt-huit numéros entre 1957 et 1962.
Créée en 1960 par Axelos, la collection qui porte le même nom a commencé par publier un texte ancien de Georg Lukacs, Histoire et conscience de classe. Puis ont paru de nombreux ouvrages de philosophes, d’historiens, de critiques, de linguistes et d’économistes français et étrangers, entre autres Lou Andreas-Salomé, Samir Amin, Georges Bataille (L’Érotisme), Jean Beaufret, Ludwig Binswanger, Maurice Blanchot, Pierre Broué, Clausewitz (De la guerre), Rudolf Hilferding, Louis Hjelmslev, Roman Jakobson (Essais de linguistique générale), Karl Jaspers, Otto Jespersen, Flavius Josèphe (La Guerre des Juifs) Karl Korsch, Reinhart Koselleck, Henri Lefebvre, Moshé Lewin, Herbert Marcuse (dont Eros et civilisation et surtout L’Homme unidimensionnel auront un large retentissement en mai 1968), Richard Marienstras, Edgar Morin, Novalis, Karl Reinhardt, Trotsky ou Karl Wittfogel (Le Despotisme oriental).
XIII – « Le Sens commun »
Créée par Pierre Bourdieu, la collection « Le Sens commun », née en 1966, a rassemblé des ouvrages signés notamment par Théodor Adorno, Gregory Bateson, Emile Benveniste (Vocabulaire des institutions indo-européennes), Basil Bernstein, Jean Bollack, Luc Boltanski, Pierre Bourdieu (La Distinction), auteur avec Jean-Claude Passeron des Héritiers, Ernst Cassirer (La Philosophie des formes symboliques), Robert Castel, Patrick Champagne, Emile Durkheim, Moses Finley, François Furet et Jacques Ozouf, Erving Goffman (Asiles, La Mise en scène de la vie quotidienne), John Gumperz, Maurice Halbwachs, Ulf Hannerz, Richard Hoggart, William Labov, Alexandre Matheron, Marcel Mauss, Raymonde Moulin, Georges Mounin, Siegfried Nadel, Erwin Panofsky, Jean-Claude Pariente, Luis Prieto, A.-R. Radcliffe-Brown, Edward Sapir, Joseph Schumpeter, John Searle, Salvatore Settis, Peter Szondi, Jules Vuillemin.
XIV – « Critique »
Fondée en 1946 par Georges Bataille, reprise après sa mort par Jean Piel, la revue mensuelle « Critique » paraît aux Éditions de Minuit depuis 1950. Elle est aujourd’hui dirigée par Philippe Roger.
Ont été publiés dans la collection « Critique » des oeuvres de Georges Bataille (La Part maudite), Jacques Bouveresse, Michel Butor, Pierre Clastres (La Société contre l’État), Gilles Deleuze (auteur notamment, avec Félix Guattari, de L’Anti-Œdipe, de Mille plateaux et de Qu’est-ce que la philosophie ?), Jacques Derrida (De la grammatologie), Georges Didi-Huberman, André Green, Vincent Descombes, Jacques Donzelot, Luce Irigaray, Emmanuel Levinas, Jean-François Lyotard, Louis Marin, Alain Robbe-Grillet (Pour un nouveau roman), Charles Rosen, Clément Rosset, François Roustang, Michel Serres (la série des Hermès).
XV – L’actualité politique
Depuis la fin de la guerre d’Algérie, les ouvrages d’actualité publiés dans la collection « Documents » s’inscrivent moins dans le cadre de la seule politique française que dans celui, plus vaste, où se posent les problèmes mondiaux. Ainsi, L’Apartheid (1985), de Nelson Mandela. Tony Duvert (Le Bon sexe illustré) s’attaque aux tabous de l’éducation sexuelle. Et l’ouvrage de Robert Linhart, L’Établi (1978), consacré aux ouvriers de Citroën en 1968, sera traduit dans plusieurs langues.
XVI – « Propositions »
Créée en 1980, la collection « Propositions » se consacre aux recherches sur le langage auxquelles participent aujourd’hui les philosophes de la tradition analytique, fondateurs des concepts de sémantique et de pragmatique. Benoît de Cornulier, Oswald Ducrot, Bernard Cerquiglini, Michael Dummett, Jon Elster, Gilles Fauconnier, Jerry Fodor, Nelson Goodman, Pierre Jacob, Roman Jakobson, Saul Kripke, Hilary Putnam, François Recanati, John Searle, Dan Sperber, Deirdre Wilson ouvrent par leurs travaux ce domaine au grand public.
XVII – « Philosophie »
La collection « Philosophie » a publié aussi bien Edmund Husserl que les travaux de jeunes philosophes comme Pierre Alféri ou Jean-Louis Chrétien.
XVIII – « Paradoxe »
Après l’arrêt de plusieurs collections consacrées aux sciences humaines (“Arguments”, « Le sens commun », « Critique », “Philosophie” et “Propositions”), une nouvelle série voit le jour en 1993 qui regroupe aujourd’hui divers essais consacrés principalement à la critique littéraire et à la philosophie. Gilles Deleuze y a fait paraître son dernier ouvrage, Critique et clinique. Nathalie Heinich, Georges Didi-Huberman, Clément Rosset et Jean-Louis Chrétien, y ont donné plusieurs ouvrages. Mais, le premier titre paru dans « Paradoxe » est l’ouvrage de Pierre Bayard Le Paradoxe du menteur, en 1993. Il a publié ensuite dix-sept ouvrages dont Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?, en 2007, qui s’est vendu à 40 000 exemplaires et qui a fait l’objet de 26 contrats à l’étranger et L’Affaire du chien des Baskerville, en 2008. “Paradoxe” a publié également de jeunes chercheurs comme Maxime Decout, Evelyne Grossman, David Lapoujade, William Marx, Peter Szendy, Frédérique Toudoire-Surlapierre, Bertrand Westphal.
XIX – La littérature aujourd’hui
Après Monique Wittig, dont L’Opoponax a obtenu en 1964 le prix Médicis, et Tony Duvert, qui l’aura à son tour en 1973 pour Paysage de fantaisie, une nouvelle génération d’écrivains s’annonce dont l’oeuvre ne procède pas directement du Nouveau Roman :
Jean Echenoz fait paraître en 1979, Le Méridien de Greenwich. Il obtient le prix Médicis pour Cherokee en 1983 et le prix Goncourt en 1999 pour Je m’en vais qui se vend à 400 000 exemplaires. En 2001, il publie Jérôme Lindon, quelques mois après la mort de celui-ci, en 2003, Au piano<, en 2006, Ravel, et en 2008, Courir.
En 1985, Jean-Philippe Toussaint fait paraître son premier roman La Salle de bain qui se vend dès la première année à 80 000 exemplaires. Il écrit ensuite un Autoportrait (à l’étranger) et cinq romans dont le dernier, Fuir est paru en 2005.
Marie NDiaye a dix-huit ans en 1985 quand paraît Quant au riche avenir. Elle obtient le prix Femina en 2001 avec Rosie Carpe< et sa deuxième pièce Papa doit manger< entre au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
En 1987, Christian Gailly publie Dit-il. Il obtient le prix du Livre Inter en 2002 avec Un soir auclubqui se vend à plus de 130 000 exemplaires, il fait paraître Dernier amour en 2004, Les Oubliés en 2007, Lily et Braine en 2010. Alain Resnais adapte son roman L’Incident en 2009 sous le titre Les Herbes folles.
En 1989, Christian Oster publie Volley Ball. Dix ans après, il obtient le prix Médicis avec Mon grand appartement. Son roman Une femme de ménage est adapté au cinéma par Claude Berri en 2002. Trois hommes seuls est paru en 2008, Dans la cathédrale en mars 2010.
En 1990, Jean Rouaud publie Les champs d’honneur< qui obtient le prix Goncourt et se vend à 600 000 exemplaires.
D’autres œuvres se constituent dans les années 80 : celles de François Bon, Eric Chevillard, Hervé Guibert, Bernard-Marie Koltès qui sont suivies au début des années 90 par celles d’Eric Laurrent dont le douzième roman, Un beau début paraît en 2016, d’Hélène Lenoir, qui écrit des nouvelles aussi bien que des romans et a fait paraître en 2013 La Crue de juillet et celle d’Yves Ravey qui publie Sans état d’âme en 2015.
Fin 1990 surviennent d’autres écrivains :
Tanguy Viel qui publie Le Black Note en 1998, connaît de grands succès de librairie avec L’Absolue perfection du crime (2001), Insoupçonnable (2006) et Paris-Brest (2009).
Laurent Mauvignier qui publie Loin d’eux en 1999 et se voit décerner le prix du Livre Inter en 2001 pour Apprendre à finir< (90 000 exemplaires) ; Dans la foule obtient le prix Fnac en 2006 et Des hommes (2009) se vend à plus de 80 000 exemplaires. Ce que j’appelle oubli est publié en 2011, Autour du monde en 2014 et Continuer en 2016.
En 2009 paraît le premier roman de Bertrand de la Peine Les Hémisphères de Magdebourg qui sera suivi de Bande-son en 2011 et de La Méthode Arbogast en 2013.
En septembre 2011 paraît le premier roman de Vincent Almendros, Ma chère Lise, suivi de Un été en 2015 qui obient le prix Françoise Sagan et se vend à plus de 10 000 exemplaires.
Julia Deck publie son premier roman Viviane Elisabeth Fauville en 2012 et Le Triangle d’hiver en 2014.
Marion Guillot publie Changer d’air, son premier roman, en septembre 2015, suivi en janvier 2016 par celui de Yan Gauchard, Le Cas Annunziato.
Depuis la mort de Jérôme Lindon en avril 2001, c’est sa fille, Irène Lindon, qui dirige la maison.
(Juillet 2016)
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On trouvera un historique des Editions de Minuit dans le livre d’Anne Simonin, Les Editions de Minuit (1942-1955). Le devoir d’insoumission (Imec Editions, 1994/2008, ISBN 978.2.90829.589.4).
On se reportera également à l’ouvrage de Henri Vignes, Bibliographie des Editions de Minuit. Du “Silence de la mer” à “L’Anti-oedipe” (20 février 1942-18 février 1972) (Editions Librairie Henri Vignes/Editions des Cendres, 2010, ISBN 978.2.86742.169.3).
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