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Les Renards pâles
This book has been translated by Dar Mamdouh Adwan for Publishing and Distribution
Un homme choisit de vivre dans sa voiture. À travers d’étranges inscriptions qui apparaissent sur les murs de Paris, il pressent l’annonce d’une révolution.
Le Renard pâle est le dieu anarchiste des Dogon du Mali ; un groupe de sans-papiers masqués porte son nom et défie la France.
Qui est ce solitaire en attente d’un bouleversement politique? Qui sont les Renards pâles?
Leur rencontre est l’objet de ce livre ; elle a lieu aujourd’hui.
Les révolutionnaires font la chasse aux fantômes. Ils moquent les rebelles qui se prennent pour des revenants et qui confondent l’insurrection des vivants avec la résurrection des morts. Dès 1852, Marx avait cru trancher la question. Raillant la Révolution française, qui se drapa dans l’héroïsme antique, comme celle de 1848, qui parodia 1789, le père du socialisme scientifique avait affirmé que la révolution devait rompre avec l’attrait des cimetières et renoncer à “tirer sa poésie du passé”.
Dans son sillage, et jusqu’à aujourd’hui, beaucoup de progressistes ont considéré que, pour bâtir un monde nouveau, il fallait échapper aux mauvais esprits de l’ancien, et donc à “la tradition de toutes les générations mortes”. Toutefois, une autre voie s’est maintenue, minoritaire et souterraine, qui considère la fréquentation des spectres comme le préalable à toute émancipation, et la hantise comme la révolte même.
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Les Renards pâles de Yannick Haenel rôdent en ces parages-là. Ces anarchistes opèrent à Paris sous des masques africains. Ils ont inventé toutes sortes de rituels funèbres visant à conjurer l’envoûtement du capitalisme, les sortilèges de la marchandise, les malédictions de la surveillance et de l’identité. Ces rituels sont autant de défis au monde tel qu’il est, autant d’ouvertures vers l’existence telle qu’elle pourrait se déployer. Les Renards pâles exercent leur magie noire dans les cimetières, de préférence au Père-Lachaise, devant le mur des Fédérés, où souffle encore l’esprit de la Commune. Là, ils accueillent un nouveau compagnon, ils pleurent un autre, disparu. Surtout, ils en sont persuadés, c’est de ces tombes que le grand soulèvement partira, consacrant le retour des morts, la rédemption des vaincus : “On dit que le monde est hanté. Non : il revient, et ce retour incessant transporte avec lui des…
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